
Alors, aujourd'hui je me lance avec la dernière chronique que je devais faire, celle du reccueil de poèmes de Pablo Neruda.

Que dire si ce n'est que pour commencer, j'ai ouvert ce livre tout en sachant que j'allais l'adorer ? En fait, je dois vous avouer que Neruda, pour moi, c'est comme un dieu, un genre de père spirituel, je l'aime, passionnément.
Je lui voue une véritable passion depuis que je l'ai découvert en première année de licence, je me retrouve dans presque chacun de ces poèmes, et pour moi, dans le genre poètique, c'est mon identification à ce qui est dit qui me semble le point le plus important.
Bref, parlons un peu du reccueil. Il est divisé en 15 sections, très très vaste, long, mais pour mon plus grand plaisir. Pourquoi Chant général? Parce qu'il aborde l'histoire du continent américain de 1400 à 1949.
Au travers de ses 15 sections, Neruda nous livre l'histoire de l'Amérique, mais aussi des peuples qui la constituent, et sa propre histoire, l'histoire d'un homme qui, selon ses propres dires, ne savait rien, puis a voyagé à travers le monde et ouvert les yeux. Cet homme, ça pourrait bien être moi, la férue de voyages. C'est sûrement pour cela que j'ai adoré cette lecture.
Peut-être que c'est aussi et surtout grâce au style et aux thèmes traités par le poète. Le style? Assez simple à comprendre, mais néanmoins plein de métaphores, de comparaisons, toutes plus riches que les autres.
Avec ce reccueil, Neruda nous offre une ode à l'Amérique, bien que surtout à l'Amérique Latine et son Amazonie, sa faune, sa flore, ses rivères, le Macchu Picchu, ses conquérants et ses révolutionnaires, ses penseurs, ses ouvriers. Ses ouvriers surtout. Ici, Neruda leur prête sa voix. Il crie toute leur détresse, chante leurs louanges, les considère aussi comme ceux qui ont libéré l'Amérique Latine, au même titre que des grands hommes comme José Martí, San Martin, ou Bolívar.
L'Espagne et ses conquérants? Ils sont critiqués, certes, leurs atrocités sont racontées, mais le poète n'oublie pas d'être objectif et de citer les progrès qu'ils ont rendus possibles et leurs bon côtés ou la misère de certains. Il traite également des coeurs purs comme San Bartolomé de Las Casas, mais aussi de l'actualité de l'Espagne, du moins l'actualité qu'il vécut, lui, c'est-à-dire la guerre civile et la dictature de Franco. Il chante les louanges des poètes disparus, des enfants de l'Espagne, la mère patrie, tombés pour la république, comme Miguel Hernández, mon poète chéri.
Tout semble magnifique, épique, c'est un chant épique, une chronique, ainsi, le lecteur qui ne connait pas ces évènements apprendra beaucoup, et c'est ça qui est bon avec Neruda, la découverte, ou la redécouverte, de l'histoire. Cette histoire qu'il considère comme universelle et qu'il veut raconter avec ses larmes, ses mots, son sang, au point d'être poursuivit dans son propre pays, le Chili, et d'écrire dans la clandestinité cette oeuvre magistrale, qui est pour moi l'oeuvre de sa vie, son plus beau projet.
Alors bien sûr, il y a quelques points négatifs. Certaines sections sont assez plates par rapport à d'autres, c'est ce qui m'a le plus marquée. Cependant ça confère à son oeuvre une allure de cordillère, irrégulière, comme sa chère Cordillère des Andes. Et puis au fond, peu m'importe. Avec ce chant, j'ai révé. Je me suis sentie transportée à travers l'histoire, dans le paysage. J'ai ressentis diverses émotions toutes aussi fortes, grâce à l'incroyable plasticité du style de mon cher Neruda. Mon cher grand Monsieur, parti trop tôt, qui ne me semble pas apprécié à sa juste valeur, même si il a obtenu un Nobel de Littérature quand même mon grand poète engagé.
C'est ça en fait que je préfère chez lui. Son engagement. La force de ses idées. Leur projection dans son oeuvre.
Je me demande si un jour il me décevra.

Son prix: 8¤
Woodbane